Quels sont vos rôles sur Top Chef ?
Tiphaine Gauchet : Depuis 2 ans nous sommes tous les deux producteurs artistiques post-production du programme. Pour ma part, j’ai commencé en tant que journaliste sur Top Chef. Je suis ensuite passée rédactrice en chef, productrice en tournage et en post-production depuis la saison 12. J’ai eu tous les postes sur cette émission ! Il ne me reste qu’à participer !
Thomas Peckeu : J’ai commencé mes premières piges sur cette émission, j’étais chef monteur. J’ai commencé par les piges de nuit. J’étais ensuite réalisateur post-prod et aujourd’hui producteur artistique. Je suis particulièrement attaché à ce programme forcément.
Comment vous répartissez vous les tâches ?
TP : Nous faisons tout ensemble. Il n’y a pas de rôles définis.
TG : Nous sommes vraiment complémentaires dans l’échange d’idées. Le fait de travailler en binôme nous permet de partager en permanence, un Ping-Pong sans arrêt. Sur le papier, Thomas est technique et moi édito, c’est un bon équilibre mais nos domaines de compétence respectifs ne sont pas limités à ces derniers.
TP : Nous intervenons chacun dans les domaines de l’autre. Il nous arrive de ne pas être d’accord bien-sûr.
C’est bien aussi, non ?
TG : Bien-sûr ! Quand on arrive à convaincre l’autre, alors nous savons que nous avons pris la bonne décision.
Combien de temps occupe la post-prod de Top Chef dans votre année ?
TP: Elle courre de octobre à fin mai.
TG : Et avec les tournages c’est toute l’année. Les castings, les tournages etc..
Comment trouve-t-on une recette qui continue de fonctionner au bout de 15 saisons ?
TP : Il y a plusieurs étapes de réflexion : le développement, le tournage et la post production bien-sûr ! Il faut toujours essayer de trouver de nouvelles mécaniques et elles se réfléchissent à tous les niveaux.
TG : L’idée est de se renouveler chaque saison, tant dans le fond avec un nouveau jury comme cette année, de nouvelles épreuves… que dans la forme !
Qui brainstorm là-dessus ?
TG : Tout le monde y réfléchit à toutes les étapes : les équipes de journalistes dès la prépa, notre réalisateur présent depuis la 1 ere saison (notre maestro !) : Sébastien Zibi en tournage, et les équipes en post prod évidemment ! Il y a eu beaucoup de changements dans la façon de raconter Top Chef depuis la saison 1. Nous sommes passés par des phases de narration différentes, des rythmes différents. Structurellement parlant, aujourd’hui, il y a une épreuve et directement l’épreuve éliminatoire. Avant, il y avait beaucoup plus d’épreuves.
TP : Dans le ton et les musiques les changements opèrent aussi. C’est à dire que nous avons mis en place une ambiance musicale plus moderne.
TG : Pendant longtemps Top Chef s’est monté avec des musiques d’emphase, de conquête. Et puis il y a deux, trois ans nous avons commencé à changer progressivement.
TP : Nous nous sommes même autorisés l’an dernier à mettre des tubes gold pour mettre une couleur plus mainstream, tout en gardant l’image dite « chic » du programme.
Qui prend ces décisions ?
TG : Nous travaillons en confiance. Nous échangeons beaucoup avec Florence Duhayot et Stéphane Rak notamment sur l’édito, sur la forme ils nous laissent carte blanche.
TP : Au niveau image il y a un graphiste, Illyess Zouaoui, qui, depuis l’an dernier, fait les dessins des plats pour se projeter. Il dessine l’assiette, met en image l’idée du candidat. C’est l’une des nouveautés que nous avons mis en place depuis la saison dernière.
Est-ce que vous vous rendez compte que ce programme participe à la popularisation des métiers de bouche ?
TG : On s’en rend compte notamment avec les grands Chefs qu’il n’était pas si facile d’inviter sur les premières saisons : ils ne connaissaient pas le programme et n’étaient pas tellement convaincus que la télévision puisse mettre en valeur la cuisine. Mais aujourd’hui, les chefs nous sollicitent pour venir participer. Un chef comme Pierre Gagnaire est complètement impliqué dans l’émission. Il est même dans la deuxième partie de soirée cette saison, c’est le chef de la « Brigade cachée ». Et tous les chefs disent aujourd’hui : Top Chef a participé à rendre nos métiers très prestigieux. Les métiers de bouches et de l’artisanat aujourd’hui sont revenus en force. Il y a quelques années, certains candidats, nous expliquaient que lorsqu’ils avaient annoncé à leur famille qu’ils voulaient être cuisinier c’était considéré comme « la voie de garage ». Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Faire un métier manuel n’est plus péjoratif, au contraire !
TP : Nous avons quand même la chance d’être LE pays de la gastronomie, les français adorent la cuisine et cet intérêt qui est très poussé par rapport à d’autres pays. Je pense que Top Chef France est une référence des Top Chef dans le monde.
TG: Initialement, Top Chef est un format américain. Mais aujourd’hui c’est le format français qui est très regardé par les autres pays, et dont ils s’inspirent.
Pourrait-il y avoir un jour un Top Chef international ?
TP : Il y en a eu un qui a été fait aux Etats-Unis. Samuel Albert (finaliste de Top Chef Saison 10) a participé d’ailleurs. C’était une très belle idée.
Quelle est votre journée type ?
TP: Ce sont des réunions pré-montage avec les équipes pour les aider à organiser la session de montage et à réfléchir aux histoires qui vont être mises en avant, ou à la manière dont on va raconter telle ou telle mécanique. Nous visionnons les émissions qui sortent de montage. Notre rôle est majeur à ce moment-là car nous passons la seconde couche en montage ou édito. Top Chef est tellement dense que l’émission se monte par strates.
TG : Il y a 4 binômes réal-post prod et rédacteur en chef : Yuna Mahé avec Amélie Garin, David Katona avec Caroline Goudard, Nicolas Muszynski avec Maëlle Robinet et Gaétan Boussand avec Louise Bizot. Ces binômes font les émissions, ils dérushent les heures et les heures de rushes (il faut imaginer qu’en tournage, sur une épreuve il y a au moins une caméra par candidat, puis les caméras qui suivent les chefs… donc ça fait autant d’heures à regarder et à sélectionner !). Une fois cette phase de construction terminée, ils nous les envoient pour que nous fassions les ultimes modifications. C’est un travail de longue haleine derrière tous ces épisodes. Il faut une belle organisation et bon roulement.
TP : Il y a aussi une équipe finishing avec deux réalisateurs post-prod : Cédric Tessier et Thomas Aboudharam, ils font un travail colossal de mise en forme, de recherches de musiques. Les saisons passées ils étaient réal post prod sur des épisodes en particulier mais cette année on a voulu organiser différemment les choses pour avoir leur force de propositions sur tous les épisodes dans les dernières phases de montage. Ils sont épaulés des très talentueux Sylvain Aubry et Vincent Lecavelier.
TG: Cette mise en forme finale est tellement importante que nous avons eu besoin de mettre une équipe dédiée pour la renforcer cette saison.
TP : Ensuite nous avons les modifications, le mixage avec Jérôme Biderre et Guillaume Gladin, l’étalonnage etc…
Quel est votre moment préféré ?
TG : Quand on voit le produit terminé il y a une vraie satisfaction de se dire : toute l’équipe a fourni ça !
TP : Oui au report de mix, il y a un réel plaisir à regarder l’émission.
Quelles études avez vous faites ?
TP : J’ai fait une école audiovisuelle : 3IS. Quand j’étais petit je voulais être physicien ! Ne me demandez pas pourquoi… Je suis super curieux de nature et chez moi il y avait plein d’encyclopédies, d’objets liés à la chimie etc… Cela doit venir de ça. Mais mon premier amour c’est la musique. J’ai même monté un label il y a longtemps. C’est le domaine dans lequel je m’éclate et qui me suis tout le temps. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai eu tellement à cœur de trouver une véritable couleur musicale à Top Chef. Et aujourd’hui, la musique est presque l’un des participants du programme, elle est d’ailleurs très remarquée sur les réseaux sociaux cette année, ce qui nous fait plaisir.
Tu te verrais où dans quelques années ?
TP : J’ai plein d’envies, dans le documentaire, dans la fiction etc… Mais j’ai vraiment encore quelques années dans le divertissement. J’aimerais être à l’initiative de nouveaux formats, dès le développement d’ailleurs et jusqu’à la mise en forme. C’est ce que je préfère faire et ce à quoi j’aspire.
Et toi Tiphaine ?
TG : Moi j’ai fait l’IEP d’Aix en Provence et je ne savais pas tellement ce que je voulais faire comme métier. Ma grande sœur travaillait déjà en télé et j’ai fait mon premier stage au Morning chez Studio 89 grâce à elle. J’ai commencé par monter des sujets de nuit dans les coulisses de la Nouvelle Star pour le Morning. J’ai adoré et j’ai continué. Ce que j’aime c’est être à l’initiative d’un nouveau projet et de trouver la forme des choses. Comment faire pour faire passer un message sur n’importe quel type de programme. Trouver des formes originales pour soutenir des propos, c’est ce que j’aime le plus.
TP : On ne se ferme pas l’idée de continuer à travailler ensemble. On a réussi à mettre un place un binôme qui fonctionne.
TG : Oui il fonctionne. Nous nous étions rencontré quand Thomas était réal et je me suis tournée vers lui naturellement quand nous cherchions un nouveau producteur. Il y a un bon équilibre et beaucoup de confiance. Je loue la grande qualité de Thomas qui est un bon G.O, il met une ambiance qui fait du bien en post-prod! Un bon happy manager.
TP : C’est vrai que ce que j’aime c’est le côté management. J’ai souvent été en locomotive de projets. J’aime insuffler un rythme et emmener une équipe avec moi. J’aime pousser les équipes au maximum et dans une bonne ambiance.
Qui sont les équipes qui vous entourent d’un point de vue de l’organisation ?
TG : Grégoire Jacquet et Colin Rosso qui sont les bons garants de toute cette post-prod. Le pilier c’est Greg. Et il a la qualité d’être toujours d’un calme olympien. C’est au départ déroutant et finalement très apaisant. Quand il nous est arrivé de livrer une émission 3 jours avant la diffusion : pas un début de problème pour lui !
TP : C’est une force pour un chargé de Post-Prod de garder ce calme et il sait aussi très bien s’entourer. Depuis 3 ans il travaille avec Colin qui est aussi super zen.
TG : Il est très à l’écoute et minutieux.
C’est quoi un bon réal post-prod ?
TP : C’est de réussir à avoir une vision et des idées.
TG : Qu’est-ce que j’ai envie de raconter et comment ? C’est la question de base. Ne jamais perdre de vue que la forme va servir le propos.
TP : Savoir se projeter et tenter ! Ne pas avoir peur de prendre des risques.
TG : C’est vraiment quelque chose que l’on demande régulièrement : faites- nous une proposition, n’ayez pas peur de pousser les curseurs et ne soyez pas lisse.
Je mange quoi si je suis invitée à dîner chez vous ?
TP : Une carbonnade flamande !
TG : Tu fais ça toi ?
TP: Et oui! Recette ancestrale de ma grand-mère !
TG: Chez moi : une excellente tarte poire-chocolat : c’est mon tube !
Quel est votre lien avec Atlantis ?
TG : Nous passons notre vie ici ! Ce canapé : c’est mon canapé ! Nous arrivons en plus dans ces nouveaux locaux. C’est agréable de changer et en même temps nous gardons nos fondamentaux ! On se sent vraiment bien ici.
TP : On fait partie de Studio 89, mais nous avons l’impression que nos collègues sont aussi les gens d’Atlantis en fait. On a vraiment l’impression de ne pas être que locataire. Nous sommes tous ensemble.
TG: L’équipe technique est vraiment top.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut se lancer en télé ?
TP : Être curieux ! Nous sommes dans un métier qui a mille facettes, du coup il faut s’intéresser à tout : image, musique, nouveaux médias, la technique aussi !
TG : Et travailler aussi quand même ! Pendant longtemps les métiers dans le divertissement étaient vus comme légers mais c’est un vrai travail. Quand on monte une émission comme Top Chef, ça se joue à rien, ce sont des petits détails qui font vraiment la différence. Et c’est ce travail là que j’aime. Une séquence est bousculée parfois par un détail, l’émotion peut se jouer à rien.
Vous regardez quoi à la télé ?
TG: J’adore “Qui veut être mon associé ?” je trouve ce programme fascinant. Le talent des gens est très enthousiasmant et je me le dis souvent avec les candidats de Top Chef. Des gens de 25 ans habités, tu as envie de les mettre en lumière.
TP : J’ai une passion pour tout ce qui est faits divers, tous les documentaires du genre… « Faites entrer l’accusé ».