Quel est ton métier ?

J’ai vraiment plusieurs casquettes et c’est ce qui me plaît. À la base, je suis journaliste. J’ai
toujours été spécialisé dans la culture et j’ai d’abord fait beaucoup de reportages. Par la force des choses, je suis également devenu réalisateur de documentaires. J’ai ensuite monté une société de production dans laquelle j’ai développé l’activité de programmation artistique. 
Aujourd’hui, cette dernière facette de mon parcours est devenue mon métier principal. Quand je dois décrire ce que je fais je dis que je fabrique des émissions de télévision.

Quel est ton parcours ?

J’ai commencé à la radio dans ma région. Je suis de Menton. Là-bas il y avait deux radios locales, j’ai pu avoir des expériences professionnelles dans les deux mais mon envie était de rentrer à Radio Monte Carlo, LA grande radio du sud. Un concours était organisé par Jean-Pierre Foucault qui était une de mes idoles et reste aujourd’hui une personnalité de l’audiovisuel que je respecte et que j’admire le plus. Ce concours s’appelait : “Prenez ma place ! “. Je fais partie des candidats retenus. Quelle expérience ! Je me retrouve avec toutes mes idoles de l’époque : Patrick Roy, Jean-Pierre Foucault etc… Je continue ensuite la radio à Paris où je travaille pour RFI, Nostalgie et puis O FM, la radio des Hauts-de-Seine, une radio locale avec de supers moyens. J’animais une émission quotidienne avec des invités ce qui
m’a permis de commencer à me faire mon carnet d’adresse.

À quel moment commences-tu la télé ?

J’ai travaillé pour Surprise sur Prise où je participais à la programmation de l’émission. Mais
ma grande rencontre en télé, c’est Frédéric Lopez. Nous nous sommes rencontrés pendant un
festival de cinéma à Annecy. Nous étions en 1995 et les grèves battaient leur plein. Nous nous
retrouvons alors coincés, sans train et louons une voiture pour remonter sur Paris.  Nous nous
croisons 3 ans après à une projection, il me dit qu’il a un projet pour France Télévisions et
qu’il aimerait que nous puissions travailler ensemble. C’est parti : Comme au Cinéma,
Rendez-Vous en Terre Inconnue, La parenthèse inattendue et aujourd’hui Un Dimanche à la Campagne. Cela fait 25 ans…. Frédéric est le meilleur de la télé selon moi. C’est une fierté de travailler avec lui sur ces émissions qui sont pour chacune marquantes. C’est une télé qui a du sens.

Tu réussis entre tout ce planning à créer ta société de production ? 

Après l’aventure de Comme au Cinéma, j’avais proposé à l’équipe du film Les Choristes de
la suivre pendant la tournée internationale, ce documentaire a été produit par Coyote. Dans la foulée je monte Colby Co, ma boîte de production et j’y développe une série de docs. Je travaille beaucoup avec des humoristes et j’assiste aux débuts de Jarry, Jeff Panacloc, Eric Antoine, Kev Adams, Jérémy Ferrari etc… Ma particularité c’est de passer de vrais moments avec eux, ils ne me racontent pas ce qu’ils font, je filme ce qu’ils vivent. En même temps, je continue la programmation pour d’autres émissions et je monte une équipe qui travaille avec moi pour cela.

C’est un métier à part ?

Nous sommes comme une corporation et nous échangeons beaucoup entre nous. D’ailleurs,
en partant d’une conversation que j’ai eu avec Laure Giniès avec qui je travaille, nous
avons fondé l’APART 2.0 (Association des programmateurs artistiques de radio, de télévision
et des nouveaux médias). Pour l’instant, c’est un super groupe WhatsApp sur lequel nous
échangeons mais nous allons bientôt créer un site. Nous envisageons aussi des rencontres
avec les professionnels des médias. C’est très intéressant. Nous faisons tous le même boulot et
nous avons besoin de défendre cette profession. J’ai la chance de travailler avec
Frédéric Lopez qui reconnaît mon travail mais tout le monde n’est pas comme lui. Il faut faire
prendre conscience de la difficulté de ce métier qui a changé.

Qu’est ce qui a changé ?

Les artistes sont très sollicités, il y a beaucoup de nouvelles émissions digitales, des formats innovants avec des cibles variées. Les invités ne peuvent pas et ne veulent pas tout faire. Ils vont là où ils pensent trouver leur public. Les producteurs nous demandent toujours le “haut du panier”, c’est compréhensible. Il faut se battre pour défendre nos programmes !

Comment organises-tu ton travail ? 

Mon boulot, c’est d’avoir des idées et composer le meilleur plateau possible. Je propose des invités qui sont en général liés à une promo mais parfois ils viennent juste pour le plaisir !  Nous sommes plutôt libres de nos choix sur le programme. Chaque casting est un pari : Vont-ils bien s’entendre ? Il faut pouvoir sentir les choses et les affinités, c’est mon travail. Quand tu as les 3 noms d’invités il faut que cela soit une évidence. Le secret, c’est de mélanger les univers et les générations. Ce qui me fait le plus plaisir c’est quand, par exemple, Daniel Auteuil me dit après le tournage que l’émission était encore plus agréable à faire qu’à regarder.  De la part de gens de ce niveau, c’est magnifique.

Il y a des difficultés géographiques et de temps avec Un Dimanche à la Campagne .

Oui, il faut trouver 3 personnes disponibles en même temps sur 2 jours… Il arrive rarement d’avoir des annulations mais un dimanche de Pâques je reçois le coup de fil que nous redoutons tous… un invité se blesse. Nous tournions le mardi, tout était calé en terme d’équipe, de technique, les autres invités étaient bookés etc … Hors de question d’annuler ! Je passe quelques coups de fil et vraiment , tout le monde me répond. Il faut être honnête et sincère dans ces situations, cela arrive, nous restons des humains et j’ai la chance d’avoir eu des gens super compréhensifs au téléphone. 

Comment gères-tu le stress  ?

Je refuse l’ulcère ou toute forme de stress ! Nous ne sauvons pas des vies. Nous devons gérer dans le calme. C’est ma façon de travailler, il faut garder la tête froide, il y a toujours une solution à un problème. Parfois il y a même d’excellentes surprises. Je ne peux pas et je ne veux pas travailler sous pression. C’est l’école Frédéric Lopez, il est pareil.

Quelle est ta journée type ?

Je commence ma journée par une heure de sport à la salle, c’est mon moment. Ensuite j’arrive au bureau à Atlantis et là, ma journée commence. Je gère les urgences et nous organisons le tournage. Je mets en contact la rédaction avec les invités. Les invités ne savent jamais qui sont les autres avant d’arriver sur place, c’est la surprise. Dans ma journée se glisse aussi parfois des séances de speak en studio car je fais la voix de l’introduction de l’émission. 

 

 

Qui sont les gens qui travaillent avec toi ?

Il y a Caroline Massardy, la productrice, Ronan (Autret), producteur associé, Antonio (Ferreira) notre directeur de production, Aurore (Novak-Fieffé) qui coordonne toute la team post-prod, les journalistes, l’équipe de tournage et de post-production. Pour la programmation, je travaille avec Laure Giniès.

Tu voulais faire quoi quand tu étais petit ?

Je voulais travailler à la radio, à RMC. Je n’ai jamais voulu faire autre chose. Je viens d’un milieu qui n’est pas du tout connecté aux médias, ma mère était directrice d’école maternelle et mon père travaillait à la poste. 

Où t’imagines-tu dans quelques années ?

Tant que je me lève pour faire ce que j’aime, je continuerai. Un jour, peut-être, irais-je vivre à Sitges près de Barcelone… J’y vais depuis une dizaine d’années et j’adore cet endroit.

Tu passes beaucoup de temps au bureau, Atlantis est un espace de travail inspirant ? 

J’adore travailler ici. On rencontre plein de gens, il y a une belle ambiance. Le Gainsbar est super cool et le fait de pouvoir faire la post-production au même endroit qu’à la prod c’est vraiment idéal.