Matthieu Delormeau, producteur, nous accueille dans son bureau cosy qu’il partage avec Guillaume Frisquet sur fond bleu Sarah Lavoine. Il nous parle de son parcours, des équipes qui travaillent avec lui et des valeurs auxquelles il est attaché.
Quel est ton parcours?
Après une maîtrise de finance, je fais partir mon CV dans plusieurs boîtes et je deviens analyste financier à la bourse. Ça ne me plaisait pas du tout, je ne me sentais pas à ma place, je n’avais pas de valeur ajoutée dans ce domaine. J’y suis resté 2 ans. Au moment où on me propose un poste à Londres… je le refuse. J’avais 28 ans, c’était une opportunité certes, mais pas la mienne. Je déjeune avec mon père et je lui apprends en même temps que je refuse ce poste et que je veux faire de la télé… Pour l’avocat qu’il était, c’était la douche froide.
Comment tu fais pour rejoindre le milieu de l’audiovisuel ?
Déjà je bosse pour gagner ma vie et deviens serveur pendant 6 mois. Un soir, je me dis qu’il faut que je provoque le destin, j’envoie des CV partout et un ami me pousse à écrire à Marc-Olivier Fogiel que j’admirais beaucoup. Mais où lui écrire ? À la prod, je me dis que mon courrier va être noyé parmi les autres… Mais le frère de mon pote travaillait aux impôts et nous a donné l’adresse perso de Marc-Olivier Fogiel. Je me souviens avoir écrit une très belle lettre, que j’aurais dû garder d’ailleurs, pour solliciter un entretien. Deux mois passent et, un jour, alors que je déjeune chez ma grand-mère pour le lundi de la Pentecôte, mon téléphone sonne ! C’était Marc-Olivier Fogiel qui venait de lire ma lettre. Je suis donc dans l’Essonne et il me propose un entretien tout de suite… Je pique alors la 205 de ma grand-mère et je déboule en jogging dans les bureaux de production de PAF. Il me donne ma chance et je commence en stage dès septembre.
Quel poste occupes-tu ?
J’étais l’assistant d’Arianne Massennet, puis j’ai suivi Marc-Olivier Fogiel à la radio et, au bout de 6 mois, Philippe Thuillier (producteur) me propose d’assister une jeune belge qui arrivait en France : Virginie Efira. J’enchaîne les boulots et les castings, je suis pris pour Nous ne sommes pas des anges avec Maïtena Biraben à qui je propose une chronique finance. L’expérience dure un an et demi.
À ce moment là tu commences à travailler comme un dingue ?
Je fais enfin le boulot dont je rêvais et je travaille beaucoup. Je fais des chroniques chez Morandini et je passe rédacteur en chef de son émission au bout de 6 mois. Je commence à être sollicité. Je rencontre Gérald-Brice Viret qui me propose Tellement Vrai, ça dure 4 ans. Je travaille comme un dingue et j’accepte beaucoup de propositions professionnelles. C’est à ce moment là qu’on me donne les Anges de la télé-réalité : c’est le carton pendant 6 ans.
À quel moment deviens-tu producteur ?
Je vais voir NRJ12 et je leur dis que je veux produire Tellement Vrai. Il y a souvent une frustration d’animer une émission que tu n’as pas produite. Gérald-Brice Viret me dit ok mais me demande de faire un coup : tu vas faire un Tellement Vrai qu’avec des people. J’arrive à avoir Karembeu, Victoria Sylvested et Mimie Mathy. Je fais la couverture magazine qu’il me demandait en plus et je signe 4 Tellement vrai. C’est là que je monte ma société de production et commence chez Atlantis. Je propose alors à Guillaume Friquet de bosser avec moi.
Comment s’organise votre travail ?
L’idée avec Mad Prod, et c’est Guillaume qui le dit, c’est de faire du beau, du qualitatif, de l’artisanal. L’économiste Patricia Pitcher le disait très bien, dans une équipe de travail, il faut un artisan (chez nous c’est Florian Ronsain), un entrepreneur (moi) et un artiste (Guillaume). Aujourd’hui, nous avons la série Paranormal pour C8, Que sont-ils devenus ? pour TF1 et les documentaires inédits pour d’autres chaînes.
C’est quoi ta journée type ?
Le matin, après une heure de sport, j’arrive au bureau en moto taxi. Je débriefe avec Guillaume, nous déjeunons ensemble et après, suivent les rendez-vous, les visionnages avec la chaîne ou encore du développement. Nous aimons notre liberté, nous n’avons pas d’ambition démesurée avec cette société, nous cherchons avant tout la qualité.
On sent que ton équipe compte beaucoup.
Oui. Les deux choses qui me font plaisir dans mon travail ce sont les gens fidèles et ceux qui reviennent parce qu’ils se rendent compte qu’ils se sentent mieux chez nous. Dans mon équipe, il y a Florian, surnommé Winnie par Guillaume. Là aussi on peut parler de fidélité. C’est Cyril Féraud qui me l’avait recommandé, il gère tout pour moi de l’assistanat à la prod.
Avec Guillaume vous partagez le même bureau, vous déjeunez ensemble, c’est un vrai travail de binôme ?
Oui. Guillaume a les mains dans le moteur et je conduis la voiture. On est vraiment complémentaires. Guillaume c’est le talent, l’artistique. Moi je gère l’administratif, la trésorerie. Et puis on a nos habitudes, par exemple : à la fin de la post-prod d’un programme, on se retrouve chez Guillaume, il prépare un poulet et on regarde l’émission ensemble. Nous nous connaissons bien, on sait tout de suite ce qui va et ce qui ne va pas. Le lendemain, c’est ce qu’on appelle chez nous “la journée des producteurs”, consacrée aux modifications avant le visio chaîne. Guillaume a l’instinct de l’humain et moi j’ai l’instinct du projet. L’essentiel, c’est aussi que tout se fait dans la bonne humeur ici.
Quel genre de producteur es-tu ?
Je fais très attention aux programmes qui sortent de chez nous. Nous avons un regard esthétique que nous transmettons à nos équipes. Je pense avoir un bon oeil de producteur. Mon métier englobe aussi toute la partie administrative, la comptabilité, le social, c’est une part non négligeable de mon travail de producteur. Je suis tout ce qui se passe dans ma société de production du projet à la vente en passant par la fabrication et l’organisation de ma structure.
C’est quoi un bon producteur pour toi ?
C’est quelqu’un qui a le sens du rythme et qui sent l’air du temps. C’est quelqu’un qui sait raconter une histoire et qui sait bien s’entourer. Il faut savoir investir dans une émission et avoir le sens de l’esthétique. 80% de mon temps est consacré à gérer de l’humain. Il faut savoir valoriser les gens et avoir un management par le haut.
Quel est ton lien avec Atlantis ?
Ici, j’ai tissé des liens forts. Il y a Régis à la Paillote, c’est la perfusion de bonne humeur tous les jours. C’est vraiment sympathique. Il y a une belle énergie. Puis il y a Julie Arthaud qui est un bonbon ! Ses journées sont faites pour t’aider. Et Hafida aussi apporte toujours une solution à tout. Les équipes sont vraiment tops ! Je n’oublie pas qu’Atlantis m’a aidé au début, une relation de confiance s’est installée entre nous.
C’est quoi vos projets pour l’évolution de MAD PROD ?
Il faut qu’on trouve quelqu’un pour faire du développement et de la recherche de programmes ! Trouver une personne qui nous informe sur les opportunités et ouvertures sur d’autres programmes.