Si c’est la phase ultime de la post-production il n’empêche que c’est le mixage qui participera vivement à l’éveil de vos émotions. Guillaume nous raconte comment il travaille et quel est son parcours.
Quel est ton métier ?
Je suis ingénieur du son, plus précisément mixeur. Mon métier consiste à mélanger les éléments sonores récupérés auprès du monteur. Je dois mixer ensemble les différentes sources afin d’en faire un tout agréable à écouter.
Qu’entends-tu par “agréable à écouter”, c’est suggestif non ?
En fait, on ne doit pas remarquer les problèmes liés à une prise de son au tournage. Il ne faut pas que les bruits annexes interfèrent à la bonne compréhension. Le but c’est que le mixage se fonde dans le programme. Il faut que ce soit lisse.
Qu’en est-il des musiques ?
Le dosage des musiques est un des points sensibles du mixage. Elles doivent être présentes sans gêner la compréhension des dialogues et être mises en avant lorsque l’on veut procurer une émotion.
Pendant une séance de mixage, t’es-tu déjà fais surprendre par des émotions liées à la musique justement ?
Bien-sûr ! Ça m’est arrivé, et ça m’arrive toujours régulièrement ! Les monteurs ont souvent le talent de choisir de belles musiques. Elles jouent le rôle d’exhausteur émotionnel sur bien des séquences.
Quel maillon de la chaîne représente le métier de mixeur ?
Nous intervenons en toute fin de chaîne, comme les étalonneurs. Nous sommes tributaires des autres tant dans le timing, que dans la qualité. C’est l’aspect parfois un peu compliqué de ce métier car, en intervenant à la fin d’un projet, on hérite parfois des problèmes ayant eu lieu au tournage et/ou au montage. Mais c’est aussi un beau moment, car pour la production c’est la satisfaction de découvrir, pendant le report, le produit fini.
Quelle est ta formation ?
J’ai fait une formation son à 3iS (Institut International de l’Image et du Son). À fin de la seconde année, j’ai fait une pause d’un an pour mixer des albums et faire des tournées avec des groupes. De retour à 3iS pour obtenir mon diplôme, j’ai eu la chance d’avoir comme juré, lors de mon examen final, Yannick Chevallier, patron des auditoriums Point 12, qui m’a embauché dans la foulée. C’est dans ce studio que j’ai fait mes armes pendant 8 ans en mixant, entre autre, énormément de publicités et de documentaires. Je suis ensuite passé par Piste Rouge où j’ai adoré mixer des dessins animés. Il y a 11 ans, je suis arrivé chez Atlantis pour de la saison 1 de Top Chef avec Perrine Elissalde. J’attaque bientôt la saison 11 avec mon binôme de toujours : Jérôme Bidère.
C’est quoi ta journée type ?
Mes journées ne sont jamais les mêmes, certains mix prennent plusieurs jours, d’autres quelques heures ou une journée. Les étapes sont cependant souvent les mêmes : une fois l’AAF (export son) récupéré et mon café bu, j’attaque le mixage de la VI (version internationale). Puis vient l’étape de la prise de voix. C’est un de mes moments préférés car le mixage étant un métier solitaire, c’est l’occasion d’un échange et cela se passe souvent dans la bonne humeur. Après la prise de voix, on mélange cette dernière à la VI et on obtient la VF (Version Française). Enfin, vient le moment du report : la phase de vérification de notre travail avec l’équipe de production.
Quels sont tes super souvenirs de prise de voix ?
À une époque, je travaillais sur des livres audios et j’ai eu la chance d’enregistrer de grands acteurs comme Jean Yann, Jean-Pierre Cassel ou encore Catherine Deneuve. Ce sont des souvenirs marquants et de jolis moments. Mais les comédiens voix, souvent méconnus du grand public, n’en restent pas moins bourrés de talents et c’est toujours très agréable de travailler avec eux.
Même si ton métier est solitaire, tu travailles quand même avec des équipes par moment. C’est quoi ton lien avec eux ?
Lorsque je travaille, je suis souvent seul, mais je suis néanmoins en étroite collaboration avec beaucoup d’acteurs de la post-production. Chargés de post-prod, réalisateurs post-prod, responsable planning, comédiens et responsables techniques. Ce sont des rencontres enrichissantes et, avec certains, de véritables amitiés se sont créées. Parmi les personnes importantes avec lesquelles je travaille il y a Nicolas d’Aram, le Directeur Technique de Cinéson. Lui et son équipe rendent mes journées plus faciles. C’est très rassurant de savoir que si je rencontre un problème technique, il sera, grâce à eux, résolu rapidement. Également, les chargés de post-prod qui ont un travail difficile et savent rendre le nôtre plus agréable.
À quel moment as-tu su que c’était le métier que tu voulais faire ?
Adolescent, j’étais passionné de musique mais ces métiers étaient pour moi de l’ordre de l’inaccessible. Mon entourage n’avait aucun lien avec la production ou l’audiovisuel, et c’est en passant mon BAFA, avec une spécialisation vidéo, que j’ai découvert cet univers. Mais c’est le jour où je suis rentré dans un studio d’enregistrement que le déclic s’est produit.
Qu’est ce que tu préfères dans ton travail ?
“J’aime quand un plan se déroule sans accroc ! ” Ah ! et oui, aussi… “J’adore faire sauter les sous-titres”
Quel est ton lien avec Atlantis ?
Ce qui est top ici c’est qu’on ne passe pas une journée sans croiser quelqu’un qu’on connaît. C’est vraiment familial. Par exemple, remonter la rue des Peupliers le midi est ponctuée de pauses car on rencontre toujours quelqu’un à qui dire bonjour ! Ce qui me plait aussi ici c’est la dynamique et l’accueil. Le fait de se sentir sincèrement bienvenue y joue beaucoup, on est comme à la maison !
C’est quoi un bon mixeur ?
Un bon mixeur….c’est celui qu’on appelle !! (rires)