Pour Philippe, tout est toujours une question de team ! Découvrez le parcours d’un monteur, DJ, altruiste et passionné.
Comment décrirais-tu ton métier ?
C’est un métier de passion et de création. Jamais je n’aurais envisagé ce travail pour gagner ma vie. Nous transportons les gens dans un univers, dans une histoire en apportant une touche de nous-même. De ce fait, ça en devient même une forme de thérapie. Quand tu fais un montage, tu utilises ton humeur du moment.
Quel métier voulais tu faire à la base ?
J’étais super bon en informatique, je voulais donc devenir informaticien. À mon époque, ces métiers étaient encore nouveaux , mes parents ont flippé et il n’était pas question de partir dans cette branche. Pour leur faire plaisir, j’ai fait une base d’étude en action commerciale que j’ai lâché au bout d’un an… Ensuite, j’ai testé le milieu de la carrosserie car une partie de ma famille travaillait dans ce secteur.
Tu enchaînes des secteurs pour faire plaisir à tes parents ?
Oui, mais le hasard fait finalement bien les choses. Je me retrouve dans une boite d’intérim et un documentaire dont le sujet est le travail intérimaire se tourne au même moment pour le magazine Capital. Il cherche un intérimaire qui va passer en CDI. J’étais en mission chez Kodak et dans ce cas précis. J’ai donc été suivi par le journaliste Christophe Brulé pendant quelques jours. Entre le tournage et la diffusion, mon poste promis se retrouve automatisé et je perds mon job. Christophe me rappelle et me dit qu’il a reçu pleins de propositions de boulot pour moi, dont un travail en production évènementielle qu’il me recommande chaudement. Je suis resté 3 ans chez Contact Plus, la société en question, où j’ai appris toutes les ficelles de la production : du montage d’une scène aux montages de petits magnétos.
C’est une belle formation l’institutionnel ?
Oui. Cependant, je n’avais pas assez d’échanges avec d’autres monteurs et professionnels pour avoir des critiques constructives sur mon travail. Je tente ma chance en télé et je suis pris chef monteur chez France 3 pour l’émission Comment ça va?. J’y suis resté un an. Un monteur m’a formé et donné quelques tips pour être plus rapide. De là, j’ai vraiment progressé et 2 ans après j’ai postulé chez TF1. Je me suis retrouvé au sein de l’équipe de Gérard Louvin et Florence Chalom pour les productions de Julien Courbet. J’ai ensuite suivi Julien Courbet à la Plaine St Denis chez Quai Sud où j’ai rencontré une véritable “famille”. Quelle notion importante pour moi que celui de famille ! J’aime les gens et les équipes! Je passe au développement avec Stéphane Martin qui devient mon meilleur ami, mon témoin de mariage et le parrain de mes enfants. Nous travaillons à fond et enchaînons les cartons ! À la revente de Quai Sud, je repars chez TF1. C’est une période terrible de ma vie car Stéphane décède dans un accident et je reste 9 mois ravagé et incapable de quoi que ce soit, encore moins de travailler.
Qu’est ce qui te remotive ?
Il fallait que je retravaille après ce break nécéssaire. Eric Hannezo et Frédéric Carné m’ouvrent à nouveau les portes de TF1. Je me remets en selle et pars ensuite chez TV Presse, aux côtés de Jacques Aragones pour l’émission Révélations. J’ai vraiment dû me refabriquer et réapprendre à travailler. Je passais d’habitudes en binôme à un travail solitaire. C’était compliqué pour moi. Je suis sans cesse à la recherche d’un état d’esprit familial et collégial. J’enchaîne les sociétés de production et j’arrive chez Studios 89 où je reste un moment.
Qu’est ce qui te plait le plus dans ton métier?
C’est l’humain qui me plait le plus. C’est aussi la satisfaction d’un bon travail rendu. Il y a, dans tout cela, la notion de faire plaisir et c’est véritablement mon ADN.
Quelle est ta journée type ?
Je commence par dire bonjour à tout le monde. C’est important, c’est une politesse et ça permet de bien commencer la journée. J’enchaîne par le petit café puis je me mets au montage. En ce moment je travaille sur un nouveau programme rythmé par un ton humoristique. Je prépare les scènes à jouer, à monter et nous nous accordons avec la prod et les monteurs sur l’angle et ce que nous allons jouer dans l’émission. Il y a toujours une phase de prémontage, de brainstorming, d’habillage et de validation.
Tu échanges beaucoup avec les autres monteurs ?
Il faut échanger pour ne pas “jouer les même choses” ni mettre les mêmes blagues ou mêmes musiques. Si tout le monde colle la musique de spiderman sur chaque toile d’araignée, une forme de lassitude va forcément s’installer. Nous partageons aussi nos moments de galères, il faut essayer d’avoir du recul … Il est nécessaire de communiquer pour une bonne cohésion de l’ensemble d’un programme.
Peux-tu me raconter l’histoire de ton groupe Facebook “Je Taffe à la TV Officiel”
Un groupe existait déjà à la base surtout axé autour de offres de stages et mise en avant de showreel. Dans notre métier, on passe pas mal de temps à répondre à la question : “tu connais pas quelqu’un qui…?”. Je Taffe à La TV Officiel est la solution pour poster ses annonces et offres de jobs tv. Nous sommes passés de 10 000 à 20 000 adhérents dès que les grosses sociétés audiovisuelles ont commencé à poster leurs offres. J’ai deux modérateurs qui bossent sur le back office, tout est contrôlé.
C’est difficile de commencer à être recommandé ?
Comme souvent, on fait appel aux gens qu’on connait ou qui nous sont recommandés. Dans notre métier c’est souvent sur des urgences, last minute ou renfort “pompier”, comme on les appelle, qu’on se fait sa place et que nous entrons dans le répertoire des productions. Avec ce groupe il y a beaucoup d’opportunités à saisir.
Tu te vois où plus tard ?
J’aimerais aller habiter dans le sud, vers Montpellier peut-être. Pour moi, c’est, à ce jour, impossible de concevoir de changer de métier. J’aime trop ce que je fais et mon travail me sert au quotidien. C’est un placebo de la vie, tu vides ton sac sur la timeline. C’est comme en musique, mon autre passion. Quand je sors d’un DJ set je me suis défoulé, c’est vraiment exutoire.
Un bon monteur c’est quoi ?
Un bon monteur, c’est celui qui va réussir à exploiter ses sentiments et ses émotions de tout ce qu’il a vécu en mal ou bien pour les faire ressortir sur son montage.
Que conseillerais-tu à un jeune qui veut se lancer dans le montage ?
Prends un Avid et apprends tout de suite. La force d’un monteur c’est aussi sa rapidité et savoir raconter les histoires.
Quel est ton lien avec Atlantis ?
C’est la perfection ici. Les salles, l’ambiance, les espaces ouverts. On est vraiment bien. Tout fonctionne, pas de problème ni de surprise. les souvenirs passés, présents et à venir sont ici.